Quels défis pose l’accueil des résidents autistes en EHPAD ?

Les EHPAD, initialement conçus pour accueillir des personnes âgées dépendantes à cause de pathologies liées au vieillissement, ne sont pas spécifiquement destinés aux besoins des personnes atteintes d’autisme. Cependant, dans un contexte où les diagnostics d’autisme augmentent et où l’espérance de vie progresse, il devient nécessaire d'adapter ces structures pour répondre à une cohabitation entre vieillissement et TSA.

Les principaux défis rencontrés dans la prise en charge des résidents autistes en EHPAD incluent :

  • Une double vulnérabilité : Les résidents autistes âgés présentent une complexité supplémentaire en raison de l’interaction entre les symptômes de l’autisme et les maladies chroniques liées à l’âge, comme Alzheimer ou Parkinson.
  • Des besoins sensoriels spécifiques : Les personnes autistes peuvent être hyper ou hyposensibles à certains stimuli sensoriels. Les environnements bruyants, les éclairages trop vifs ou les contacts physiques non désirés peuvent générer d’importants troubles du comportement.
  • Manque de formation des équipes : Parmi les professionnels des EHPAD, nombreux sont ceux qui n’ont pas reçu de formation spécifique sur les TSA, ce qui peut engendrer des incompréhensions et des difficultés dans l'accompagnement quotidien.

Quelles adaptations dans les EHPAD pour répondre aux besoins des résidents autistes ?

Face à ces défis, plusieurs bonnes pratiques et innovations ont commencé à se développer dans certains EHPAD pour mieux répondre aux besoins des résidents autistes. Voici les axes principaux d'amélioration :

1. Aménagement des espaces et lieux de vie

Les environnements des EHPAD doivent être adaptés pour éviter les stimulis sensoriels excessifs. Cela passe par :

  • Des espaces calmes : Prévoir des chambres isolées ou des espaces sensoriels atténués pour aider les résidents à se sentir en sécurité.
  • Des aménagements spécifiques : Utilisation de couleurs apaisantes, suppression des bruits parasites et mise en place d’un mobilier ergonomique pour minimiser les gênes pour les résidents autistes.

2. Formation des professionnels de santé et des aidants

Les équipes médicales et soignantes doivent être formées pour mieux comprendre les troubles du spectre autistique, repérer les signes d’angoisse ou de crise, et adapter leur communication.

  • Formations dédiées : Certains EHPAD collaborent avec des centres spécialisés pour former leurs équipes aux méthodes de gestion de l’autisme, telles que les approches comportementales comme l’ABA (Applied Behavior Analysis) ou la méthode TEACCH.
  • Communication adaptée : Utilisation de supports visuels ou de pictogrammes pour mieux communiquer avec les résidents non verbaux ou ayant des difficultés de langage.

3. Soins personnalisés et pluridisciplinaires

Les troubles du spectre autistique étant variés, chaque résident demande un accompagnement personnalisé. Les EHPAD doivent donc mettre en place :

  • Un suivi individualisé : Évaluer régulièrement les besoins médicaux, psychologiques et sociaux de chaque résident pour concevoir un plan d’accompagnement adapté.
  • Des équipes pluridisciplinaires : Collaboration entre médecins généralistes, psychiatres, psychologues, éducateurs spécialisés et ergothérapeutes pour une prise en charge globale.

Le rôle essentiel de la famille et des aidants dans l’accompagnement

Les familles jouent souvent un rôle crucial dans la prise en charge des résidents autistes : elles connaissent mieux leurs proches et peuvent transmettre des informations précieuses sur leurs comportements, leurs habitudes ou leurs déclencheurs émotionnels. Dans certains cas, les EHPAD organisent des réunions régulières avec les familles pour ajuster les plans de soin en fonction de l’évolution du résident.

Par ailleurs, les aidants familiaux bénéficient parfois d'accompagnements spécifiques, comme des programmes éducatifs ou des formations pour comprendre la manière dont les EHPAD travaillent avec les résidents autistes.

Des initiatives prometteuses pour l’avenir

En France, certains projets pilotes d’EHPAD ou d’établissements médico-sociaux spécifiques à l’autisme voient le jour. Par exemple :

  • Des unités spécialisées intégrées au sein des EHPAD classiques pour accueillir des résidents présentant des handicaps, tels que l’autisme.
  • Des partenariats entre maisons de retraite et centres spécialisés pour mutualiser les compétences et proposer une prise en charge plus complète.
  • La création de groupes de soutien pour les familles et les professionnels, afin d’échanger sur les bonnes pratiques.

Un engagement collectif nécessaire

Adapter les EHPAD aux besoins des résidents autistes passe par une mobilisation collective : sensibilisation des professionnels, échanges avec les familles, collaboration avec des structures expertes et surtout reconnaissance institutionnelle des spécificités que représente l’autisme à l’âge adulte. Avec des approches adaptées, ces établissements peuvent offrir à chaque résident un environnement où il se sent compris, respecté et épaulé.

Les défis sont nombreux, mais les initiatives en cours démontrent qu’il est possible de relever progressivement ce pari. Pour permettre à ces projets de se généraliser, il est essentiel de soutenir les démarches de formation, d’innovation et de valorisation des bonnes pratiques au sein des EHPAD.

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